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Programme > Conférences InvitéesDu Hasard à la Sérendipité : l’évolution du VivantThéophile Ohlmann Théophile Ohlmann, professeur émérite à l’Université Grenoble-Alpes est aujourd’hui conseiller scientifique en psychologie cognitive au CEA Grenoble. Son activité principale porte sur les comportements spatiaux vicariants et leurs conséquences au niveau de la posture, de la perception visuelle et de l’ergonomie cognitive. http://lpnc.univ-grenoble-alpes.fr/Theophile-Ohlmann
Laboratoire de Psychologie et Neurocognition, UMR CNRS 5105, Université Grenoble-Alpes. CEA de Grenoble. Innovation ouverte. Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives -------------- Nous voudrions montrer que le hasard, au cours de l’évolution du vivant animal, joue un rôle fondamental à travers un processus appelé « sérendipité ». On entend par ce mot, récemment accepté par l’Académie Française, le fait d’exploiter une découverte fortuite alors qu’une autre recherche ou un autre but étaient planifiés, les exemples les plus célèbres étant ceux de la découverte du caoutchouc par Goodyear ou de la pénicilline par Flemming. La sérendipité est donc une forme de variabilité intraindividuelle caractérisant une « conduite de détour » particulière.
Blow Up de Michelangelo Antonioni (1966) est un film « sérendipitique ». Le héros (l’acteur David Hemmings) alors qu’il avait pensé photographier simplement un couple d’amoureux, s’aperçoit lors de l’agrandissement de la photo (to blow up) qu’un meurtre est fixé sur la pellicule, une sérendipité qui va lui coûter cher. Grâce à la combinatoire du code génétique et à la reproduction sexuée, le Vivant constitue un très puissant générateur de diversité/hasard. La pression sélective réduit et organise cette diversité. Cette pression sélective est souvent considérée comme un facteur en quelque sorte « externalisé » vis-à-vis du vivant considéré alors comme passif. Nous souhaiterions développer le fait que l’animal, humain ou non, est un acteur important au sein de cette pression sélective. Grâce à une exploitation efficace des apports de la sérendipité, il y a en quelque sorte une auto-sélection grâce à laquelle le vivant exploite en permanence les données du hasard et accélère alors sa propre évolution. Modélisation des effets intra-individuels, interindividuels et contextuels en milieu scolairePascal Bressoux Pascal Bressoux est professeur en sciences de l’éducation à l’Université Grenoble Alpes et membre senior de l’Institut Universitaire de France. Ses travaux traitent de l’impact de l’environnement scolaire sur les acquisitions des élèves, en particulier ce qu’il est convenu d’appeler l’effet-maître et l’effet-école. Il s’agit dans ce cadre de comprendre quels sont les processus cognitifs et sociocognitifs en jeu dans les apprentissages des élèves et quels sont les dispositifs et pratiques d'enseignement les mieux à même de favoriser la réussite scolaire. webpage : http://webcom.upmf-grenoble.fr/sciedu/pbressou/ Laboratoire des Sciences de l’Education, Université Grenoble Alpes -------------- De nombreuses recherches se posent la question des effets de l’environnement sur le comportement des individus. De par leurs hypothèses mêmes, les chercheurs supposent alors que les erreurs produites par les modèles statistiques ne sont pas indépendantes les unes des autres – elles covarient en effet à l’intérieur des groupes – ce qui va à l’encontre des postulats des modèles par les moindres carrés ordinaires. Nous montrerons que les modèles multiniveaux constituent une réponse adaptée à de telles questions et que ces modèles peuvent être étendus à l’étude des phénomènes temporels (modèles multiniveaux de croissance). Il s’agira notamment de montrer que ces modèles permettent d’étudier non seulement le niveau atteint par les individus, mais aussi leur rythme de croissance. La séparation des effets intra-individuels et interindividuels constitue en outre un des intérêts majeurs de ces modèles, tant sur les plans empirique que théorique : d’une part, cela permet de renouveler la question des erreurs de mesure en ne focalisant plus la question de la fidélité sur chacune des mesures mais plutôt sur leur multiplicité ; d’autre part, cela permet d’étudier les phénomènes dans leur dynamique, c’est-à-dire en tenant compte du fait qu’ils peuvent varier et covarier dans le temps. Les modèles multiniveaux de croissance constituent en cela des outils potentiels précieux pour la psychologie différentielle et la psychologie du développement. Des exemples de recherche conduits sur l’étude de l’évolution des acquisitions des élèves illustreront cet exposé. Déterminants de la récupération post AVC : une fenêtre sur la psychologie différentielleDominic Pérennou Dominic Pérennou est professeur de Médecine, responsable de la Médecine Physique et Réadaptation à l’Université Grenoble-Alpes, et Chef du département de Rééducation Neurologique au CHU de Grenoble. Il est aussi éditeur en chef de la revue Annals of Physical and Rehabilitation Medicine, et éditeur associé de la revue Gait & Posture.
http://www.chu-grenoble.fr/content/medecine-physique-et-de-readaptation-mpr Laboratoire de Psychologie et Neurocognition, UMR CNRS 5105, Université Grenoble-Alpes. Centre Universitaire Hospitalier Grenoble Alpes -------------- L’accident vasculaire cérébral (AVC) est la première cause de handicap dans les pays occidentaux. En référence à la Classification Internationale du Fonctionnement et du Handicap (CIF, OMS 2001), les conséquences fonctionnelles de l’AVC seront déclinées en déficience, limitation d’activité et restriction de participation. La grande prévalence de l’AVC ainsi qu’une lésion cérébrale survenant fréquemment de façon stéréotypée dans des territoires vasculaires cérébraux font de cette pathologie un des modèles humains privilégiés pour comprendre les fonctions cérébrales (cf. Broca et la description du langage). La sévérité et la typologie des déficits moteurs dépendent en grande partie de la taille et de la localisation de la lésion, avec une prédominance brachio-faciale pour les lésions corticales fronto-pariétales et une proportionnalité pour les lésions profondes. Un même déficit moteur (hémiparésie) aura des conséquences fonctionnelles différentes selon le côté de l’atteinte et la latéralisation du patient. Les conséquences fonctionnelles d’une hémiparésie droite sur la préhension seront plus sévères chez un droitier que chez un gaucher. La présentation des troubles cognitifs est habituellement dichotomique : troubles du langage avec gradient moteur/sensoriel selon la localisation antérieure ou postérieure de la lésion hémisphérique gauche, troubles de la cognition spatiale pour les lésions hémisphériques droites. Concernant ces dernières on insiste récemment sur le rôle majeur joué par les troubles de la cognition spatiale portant sur le corps ainsi que sur le référentiel de verticalité sur la récupération des troubles de l’équilibre et de la marche. La jonction temporo-pariétale ainsi que l’insula postérieure et le thalamus postérolatéral constituent probablement à ce titre des « structures clef ». Ces patrons anatomo-cliniques sont bien entendu modulés par de nombreuses caractéristiques individuelles parmi lesquelles : gradient de latéralisation, intégrité du parenchyme cérébral en dehors de l’AVC, variations individuelles des territoires anatomiques, capacités motrices et cognitives des personnes antérieurement à l’AVC (bilinguisme chez une personne aphasique) etc. Ces facteurs influencent la récupération, également influencée par l’état humoral de la personne. Les conséquences sociales de ces troubles varient selon les conditions socio-professionnelles de la personne, en particulier de l’aide qu’elle peut obtenir de son entourage. En somme les déterminants de la récupération post-AVC peuvent être analysés à la lumière des connaissances de la psychologie différentielle. Fonction et causalité dans l’explication structurale en psychologie différentielle : quelle complémentarité?Jacques Juhel Jacques Juhel est professeur de psychologie différentielle à l’Université Rennes 2. Ses activités de recherche portent sur la variabilité psychologique, notamment dans le domaine du vieillissement cognitif, et sur la modélisation des diverses formes de variabilité.
http://perso.univ-rennes2.fr/jacques.juhel CRPCC (E.A. 1285), Université Rennes 2, Place du recteur Henri Le Moal, CS 24307 / 35043 Rennes cedex -------------- L’attention croissante portée à l’étude des relations entre éléments (par ex., des processus, des états mentaux), relations constituant des systèmes intégrés par un fonctionnement, et l’essor remarquable des techniques de modélisation statistique des relations entre variables (observables ou non directement observables), ont favorisé au cours des dernières décennies le développement d’une perspective structurale en psychologie différentielle. Les modèles structuraux, désormais très employés pour dessiner et tester le réseau des relations entre des variables qui différencient des individus, formalisent une conception de l’explication qui s’inscrit dans cette perspective en rendant observable(s) le(s) fonctionnement(s) structuré(s) de l’ensemble des variables considérées. L’explication est ici par la fonction et la question, celle de savoir comment le(s) fonctionnement(s) de la structure lui permet(tent) de jouer un rôle approprié dans le déroulement de la conduite (des différences observées entre individus). Mais décrire, expliquer le fonctionnement en rattachant celui-ci à ses effets observés, n’est pas abandonner tout espoir d’explication causale, tout espoir d’identifier certains mécanismes causaux plausibles. Les contenus des notions de fonction et de causalité ne sont pas si incompatibles qu’ils paraissent. C’est le point de vue qui sera défendu dans cette présentation dans laquelle nous nous proposons de discuter l’intérêt, dans la recherche structurale des déterminations des conduites en milieu habituel de vie, à recourir à la complémentarité des explications causale et fonctionnelle.
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